31 déc. 2008

Guerre sur internet?

Réagir
Un article du figaro.fr revient sur la stratégie internet d'Israël, dans les affrontements qui l'opposent au Hamas depuis quelques jours. Notamment, le gouvernement Israélien communique désormais sur Twitter, ce qui donne d'étonnant exercices de style en 140 signes. Youtube est aussi de la partie, avec par exemple cette vidéo postée par the Israelian Defense Forces (IDF), montrant l'aide humanitaire apportée par Israël à Gaza:



On peut noter que selon l'IDF, Youtube aurait censuré, ou du moins restreint l'accès à un certain nombre de vidéos postées.
On imagine que les blogs, Facebook ou Myspace ne sont pas oubliés, mais cela se fait de manière plus discrète, à l'exception de ces blogs d'espions israéliens, visiblement désactivés aujourd'hui.

L'objectif de cette stratégie de communication: être présent sur tous les terrains, y compris sur internet, alors que des organisations comme le Hamas ont aussi mis le web au coeur de leurs activités.
28 déc. 2008

Sociogeek, pour découvrir son "profil 2.0"

Réagir
Je viens de découvrir un "jeu", Sociogeek: à travers différentes questions et sur un mode ludique, ce site permet de connaître son "profil 2.0" et son degré d'impudeur.
En fait il s'agit d'une enquête sociologique très sérieuse menée par faberNovel, Orange Labs, et la FING, qui vise à étudier les nouveaux usages d'internet et les pratiques des usagers des réseaux sociaux.
Les premiers résultats (sur un échantillon de 11 000 internautes) montrent que les hommes s'exposent plus que les femmes, et les jeunes plus que les vieux. Le niveau de diplôme influence aussi le niveau d'exposition et les stratégies de conquête de réseau. Par exemple, les plus diplômés auraient tendance à filtrer davantage leurs amis et à contrôler leur exposition, alors que les personnes au capital social moindre verraient dans les réseaux sociaux un moyen d'élargir leur cercle relationnel. Ainsi, de plus en plus, loin d'être irresponsables et exhibitionnistes, les internautes maîtrisent au contraire leur image sur le net et élaborent des stratégies réfléchies pour tirer parti de toutes les possibilités offertes par le web.

Pour s'amuser, les conclusions du jeu pour moi:
"Vous avez 17.00% de chances de devenir une star du web 2.0. Vous êtes 18% exhib et 52% aventurier"

18 déc. 2008

Lecture: L'idole, de Serge Joncour

Réagir
Georges Frangin, un chômeur anonyme et sans histoire se réveille un matin célèbre et reconnu : dans la rue, les passants l’observent, le saluent, lui demandent des autographes. Pourtant, il n’a rien fait.
A partir de cette idée simple, Serge Joncour propose une réflexion sur la célébrité soudaine et ses conséquences: il étudie les changements qu’implique la notoriété, en particulier à travers le regard que porte le narrateur sur lui-même et montre les réactions irrationnelles et excessives du public, mais il s’interroge surtout sur un système médiatique qui a besoin de « stars », éphémères et sans cesse renouvelées pour perdurer (« il faut réalimenter sans cesse le réservoir à célébrité, quitte à piocher dans l’inconnu », fait dire Serge Joncour au président de la chaîne à l’origine de l’exposition médiatique de Georges Frangin) et décrit un monde où « l’essentiel n’est pas de savoir pourquoi on devient célèbre, mais ce qu’il faut faire pour le rester. »
La présentation de l’éditeur attribue les adjectifs « hilarant » et « subtil » à ce roman ; personnellement, il ne m’a pas passionné, mais peut-être est-ce parce qu’il est trop « subtil » pour moi. L’idée de départ est bonne, mais le résultat est plutôt décevant.
15 déc. 2008

McDo, une entreprise écolo?

Réagir
Lier fast-food et environnement peut sembler un peu osé, notamment en raison de l’agriculture intensive et surtout de la quantité de déchets que ce mode de consommation induit. Pourtant, après les crises successives qui ont affecté l’image de McDonald’s en France à la fin des années 1990 (vache folle, mouvement anti-mondialisation, guerre en Iraq, problèmes d’obésité…), la chaîne de restaurants a décidé de réagir en mettant l’environnement au cœur de sa stratégie de communication.
De l’autre coté de l’Atlantique, on appelle ça le « greenwashing », mais McDo s’en défend : la multinationale affirme avoir pris conscience de l’impact de son activité sur l’environnement depuis déjà bien longtemps. Vers la fin des années 1980 plus précisément, lorsque l’ONG « Environmental Defence Fund » s’est associé à McDonald’s aux Etats-Unis pour voir comment réduire la quantité de déchets produits avec chaque repas servis. De cette époque date la définition d’une stratégie environnementale : le siège américain donne des orientations générales (comme la réduction de la quantité de déchets, avec les 3R : réduire, réutiliser et recycler) que les filiales et franchisées appliquent en fonctions des particularités et des normes locales. Certaines « bonnes pratiques » nées sur le terrains sont ensuite appliquées à plus grande échelle. McDonald’s se targue ainsi d’avoir réduit en une vingtaine d’année de près de 50% la quantité d’emballages utilisés.
Seulement, depuis les années 2000, un enjeu environnemental encore plus important est arrivé au cœur de l’actualité : le réchauffement climatique. Un problème aussi beaucoup plus difficile à traiter pour McDonald’s, car réduire les émissions de gaz à effets de serre nécessite d’agir sur toute la chaîne d’approvisionnement.
C’est là que la France fait figure de pionnier : première filiale du groupe à avoir établi son bilan carbone (160g de CO2 par repas en moyenne en 2005), McDonald’s France a établi des objectifs chiffrés (-8% d’émissions d’ici à 2010) qu’il s’avère relativement facile de vérifier. Encore plus intéressant, le groupe profite de son poids commercial pour pousser ses fournisseurs à respecter ces mêmes objectifs.
En contrepartie de ces engagements pour l’environnement, le groupe retire des bénéfices en terme d’image de marque. Par exemple, Mcdonalds.fr met en avant l’environnement (éco-chat, éco-blog, éco-journal, etc.) alors que les médias se font l’écho des ouvertures de restaurants « verts » et autres innovations environnementales du groupe. De quoi faire oublier pour un temps les problèmes sanitaires posés par la « malbouffe. »
Au niveau mondial, la prise en compte du réchauffement climatique par McDonald’s est très récente : un simple regard sur le site canadien du groupe suffit à comprendre que l’environnement n’est pas (encore) une préoccupation au même titre qu’en Europe (j’irai bien voir le site chinois, mais je ne lis pas le mandarin).
Toutefois, le site mcdonalds.com vient juste d’être remis à jour, avec une partie « environnement » beaucoup plus étoffée, mettant pour la première fois en avant les politiques de conservation d’énergie et reléguant au second plan la problématique traditionnelle des déchets. Il faut dire aussi qu’en 2008, la France est devenue la première source de revenu pour McDonald’s en dehors des Etats-Unis, grâce à une croissance continue des ventes depuis plusieurs années, et ce malgré/grâce à une communication centrée en partie sur l’environnement : ça a du donner des idées à certains dans l’Illinois.
S’il est difficile d’évaluer l’efficacité de l’engagement environnemental de McDonald’s derrière la communication, une chose est sûre : McDonald’s France a réussi à transformer un risque en terme de réputation en une opportunité marketing pour redresser une image écornée. Pour information, la valeur de la marque McDonald’s est évaluée à 31 milliards de dollars par Interbrand, donc s’il y a moyen d’augmenter encore cette valeur à coup de bilan-carbone et de réduction de consommation d’énergie, ce serait bête de ne pas en profiter.
8 déc. 2008

Les jeunes et la presse économique...

1 commentaire
Alors qu'un magazine économique, La Vie Financière, a récemment été contraint de déposer le bilan et vient d'être scindé en deux, Challenges.fr rapporte une enquête sur les rapports entre les jeunes et la presse économique.
Le journaliste de Challenges qualifie, dans une généralisation à mon avis abusive, la génération des 15-20 ans (dont je fais partie) de "pro de l'information". Par exemple, je suis assez assez sceptique sur la capacité de mon frère de 15 ans à décrypter et trier les différents messages auquel il est soumis quotidiennement. Néanmoins, il est clair que la jeune génération actuelle, celle qui est née avec un ordinateur entre les bras et un portable à l'oreille, est gavée depuis toujours d'information(s) et se retrouve donc sûrement mieux armée que ses aînés pour jongler avec les différentes sources à sa disposition.
Pourtant, si 72% des jeunes interrogés par l'enquête de l'Ifop déclarent s'intéresser à l'actualité en général, 59% avouent leur peu ou absence d'intérêt pour l'actualité économique. Sûrement parce que pour comprendre les enjeux économiques, il faut un minimum de connaissances théoriques, ou du moins une culture économique que l'école échoue à transmettre. Les (quelques) fans d'éco sont plutot des garçons, situés dans la partie supérieure de la tranche d'âge, habitant en Ile de France (ça me rappelle quelqu'un...). Il manquerait juste une donnée: la catégorie socio-professionnelle des parents, et l'on se rendrait compte que l'intéret pour le sujet est davantage transmis par le milieu familial (le père qui laisse trainer ses journaux économiques et financiers, voire vous incite à lire les rapports annuels des sociétés dont il est actionnaire, pour évoquer une expérience personnelle).
Bref, cette enquête, et la situation de La Vie Financière (dont le directeur de la rédaction reconnaissait qu'elle était en partie dûe à son incapacité à recruter de nouveaux lecteurs) présage un avenir plutot sombre pour les autres titres du secteur, si rien est fait pour inspirer aux jeunes un intéret pour les enjeux économiques.

Quand les filtres sont disproportionnés

Réagir
Le blog multimédia de Libération, Ecrans.fr rapporte la censure dont a été victime Wikipédia en Grande-Bretagne: une image controversée assimilable à de la pédo-pornographie (la pochette d'un disque du groupe Scorpions) ayant été détecté sur l'encyclopédie en ligne. Le site s'est ainsi retrouvé sur la liste noire de l'Internet Watch Foundation, automatiquement transmise aux fournisseurs d'accès britanniques. A partir de là, la page incriminée a été rendue inaccessible, et toutes les requêtes vers le site se sont retrouvées filtrées par un proxy, ce qui a eu pour conséquence la plus visible d'empêcher tous les rédacteurs de l'encyclopédie de se connecter à leur compte.
Cet épisode illustre bien tout le problème posé par le filtrage de l'Internet: empêcher les activités criminelles est bien sûr indispensable, mais à condition que les réponses apportées soient appropriées et efficaces. Manifestement, dans ce cas-ci, la réaction a été surdimensionnée.
Historiquement, on remarque que la sécurité nationale ou la protection des enfants, sujets consensuels s'il en est, sont des prétextes très efficaces pour réduire les libertés individuelles, en utilisant des mesures dont les effets vont bien au delà de leurs objectifs initiaux.
7 déc. 2008

Sida et publicité

Réagir
Aborder un sujet grave comme le Sida s'avère particulièrement difficile pour les publicitaires, plus habitués à susciter du désir pour des produits; pourtant, des campagnes d'information et de préventions s'avèrent nécessaires, et les biens publics comme la santé ou l'environnement sont devenus des objets publicitaires (presque) comme les autres.
Concernant la prévention du Sida, deux approches sont généralement employées, parfois en même temps: l'humour, ou au contraire, l'horreur et la peur. Deux approches illustrées par ces clips de natures très différente (le premier, "Grim Reaper" est australien et date de 1988, le second, beaucoup plus récent, est pour l'association française Aides):





On trouve sur le site 20minutes.fr une rétrospective des campagnes les plus anxiogènes de ses vingt dernières années.
Le résultat? Des visuels sombres, de plus ou moins bon goût, reprenant la thématique de la mort et du danger, mais en jouant souvent aussi avec l'humour, pour dédramatiser la situation. L'objectif de ces campagnes est d'ancrer dans les mentalités que ce problème de santé publique touche tout le monde, et pas seulement les populations "à risques" comme on le croyait au début de la propagation du virus. Le problème de ces campagnes qui se focalisent sur une image choc pour attirer l'attention, c'est qu'elle laissent peu de place au message, ou alors celui-ci est simplifié à l'extrême ("protégez vous", sans donner davantage d'information sur les méthodes de prévention, les conditions de propagation de la maladie, etc.)
Les deux visuels qui ont retenu mon attention (et peut-être les moins anxiogènes du lot):

6 déc. 2008

Quand le portable se transforme en mouchard

Réagir
Un journaliste du site rue89 vient de découvrir que les portables pouvaient être espionnés, même fermés... Objet devenu indispensable et dont on ne se sépare que rarement, le portable est un excellent outil de pistage et d'espionnage, grâce aux ondes qu'il émet en permanence et à la possibilité de le transformer en "micro d'ambiance". Avec le numérique, il n'est plus possible de détecter une éventuelle écoute... et dans un futur proche, avec la généralisation des puces RFID, enlever la batterie ne suffira même plus à empêcher son portable de jouer au mouchard.

Je me souviens ainsi d'un de mes cours sur la sciences, les technologies et l'éthique, où un intervenant expliquait qu'il était possible de suivre un individu à la trace, grâce à tous les objets "intelligents" qu'il porte sur lui (passe navigo, mobile, etc.), et que cela sera de plus en plus facile (avec le développement de l''"internet des objets", les objets communicants et de l'informatique ubiquitaire).

Dans l'immédiat, le grand public n'a pas grand chose à craindre (quoique, je me souviens d'une histoire d'espionnage dans un village français: quelqu'un avait mis sur écoute ses voisins et était ainsi au courant de tous les potins du village), mais les risques sont énormes dans le domaine économique, et à aussi, pour les libertés individuelles.

Comment assurer la sécurité des réseaux d'information, la confidentialité des données et la qualité d'un service de plus en plus indispensable? That is the question.
5 déc. 2008

Virus 2.0?

Réagir
Un virus qui infecte Facebook et menace ses millions d'utilisateurs? Étonnant que ça n'arrive que maintenant (mais surtout que la presse ne se saisisse du problème qu'aujourd'hui alors que le virus est apparu en août), d'habitude les pirates sont plus rapide pour tirer parti des failles des derniers services à la mode (par exemple, en étudiant tous les jours les mots clés les plus utilisés sur google). Rien de très nouveau dans ce virus nommé Koobface: il profite uniquement du service de messagerie du site pour inciter les gens un peu crédules à télécharger un programme-espion. L'idée est qu'un lien envoyé par un ami suscitera beaucoup moins de méfiance qu'un email d'un parfait inconnu.
J'avoue qu'à voir le titre de l'article du Point, je m'attendais à quelque chose de bien plus original, un virus qui tirerai parti de toutes les innovations du site, des failles des applications ou du chat, par exemple. Mais bon, je veux pas non plus donner de mauvaises idées.
4 déc. 2008

Expérience à grande échelle.

Réagir
Au mois de mars prochain (si le projet est finalement adopté), avec la suppression de la publicité sur les chaînes publiques entre 20h et 6h, chacun va pouvoir se rendre compte de l'influence de la télévision sur la vie quotidienne et plus généralement sur le mode de vie de tout un pays. Avec des prime-times avancés de près d'une demi-heure (puisque TF1 semble aussi s'aligner sur ses concurrentes, en supprimant un écran publicitaire) et des 3e parties de soirée avancées d'une heure, les habitudes des Français vont se trouver bouleversées, mais à quel point? Des diners plus précoces, davantage d'heures de sommeil pour tout le monde?
A l'heure où l'on consomme de plus en plus les médias en différé, à la demande, en streaming, à la carte, etc. il est intéressant de voir les conséquences de cette réforme, et de se rappeller que le petit écran arrive encore à fédérer des millions de téléspectateurs chaque soir, autour d'un même programme.
Idée: si les radios décalaient leurs matinales d'une heure, ça veut dire qu'on pourrait se reveiller une heure plus tard tous les matins? non, bizarre, ça marche pas ;)
1 déc. 2008

Un dose d'éthique dans le monde bancaire: les Principes de l'Equateur.

Réagir
En juin 2003, 10 banques internationales, représentant 30% du marché de la « project finance », ont établis les Principes de l’Equateur, un ensemble de règles pour un investissement responsable, dans le domaine social, environnemental et éthique. Depuis, 50 autres institutions financières ont rejoint le mouvement.
En cinq ans, qu’est-ce qui a changé ?
Les banques concernées s’accordent pour dire que désormais, les principes de l’Equateur sont intégrés par leurs clients, qui s’efforcent maintenant de présenter des projets en conformité avec ses principes. Elles refusent donc de moins en moins de projets. Les institutions bancaires ont du s’adapter, former des équipes à ces nouvelles problématiques, revoir leur structure. Les Principes de l’Equateur ont été une prise de conscience de problèmes jusqu’alors occultés, alors que les questions sociales et environnementales peuvent avoir des impacts sur l’activité même des banques (risques en terme d'image et financiers).
Mais le monde de la finance étant marqué par la confidentialité, il s’avère très difficile de vérifier que les principes sont effectivement appliqués, et les rapports annuels se révèlent assez flous. Une autre critique tient à la limite des principes énoncés : le problème du changement climatique et des gaz à effet de serre n’est pas évoqué, par exemple. Il faudrait donc aller encore plus loin. En cette période de crise économique est financière, les banques se révèlent peut disposées à aller de l’avant, et pourraient même remettre en cause leurs engagements passés.
Enfin, qu’en est-il des banques indiennes ou chinoises, qui ne sont pas signataires de l’accord ? Une bonne nouvelle : la Chine a montré sa volonté d’adapter les principes de l’Equateur à sa situation particulière (le nombre de projets à étudier étant phénoménal, il s’avère difficile de tous les passer au crible).

Sources:
Environmental Finance Magazine, Juin 2008. (après la crise des subprimes et le crédit crunch, mais avant l'annonce de la récession)
30 nov. 2008

Hipsters

1 commentaire
Je suis tombé récemment sur un article du magazine canadien Adbusters, qui propose une analyse très critique du phénomène "hipster". Article qui a suscité un vif débat, si l'on en croit les milliers de commentaires (que je n'ai eu pas le courage de lire).
La théorie du journaliste qui signe l'article, Douglas Haddow, est que ce phénomène culturel est une illustration de l'impasse dans laquelle les sociétés occidentales sont enfermées: la civilisation occidentale est condamnée, elle n'est plus capable de se renouveler.

D'abord, comment reconnaître un hipster? Où en rencontrer? D'après le journaliste, il suffit de se poser dans une soirée alternative-branchée et d'observer les jeunes "twenty-something". Les hipsters ont récupéré certains attributs et symboles de la working-class, comme les cigarettes et la bière bon marché, les T-shirt à col V (mais revisités par American Apparel) et les vélos, adoptent des looks improbables, mélanges de fringues vintage et/ou flashy, de fausses lunettes, de slims et de keffieh.
Les hipsters ont aussi leurs blogs, leurs boutiques, leurs soirées, leurs magazines, leurs danses, leurs rituels. Mais paradoxalement, peu de gens se assument leur statut de "hipsters". [je me souviens d'une conversation, alors que je découvrais le terme "hipster": moi: -mais alors, qui est hipster? - untel, untelle, etc. - et toi? - ah non, pas moi! - alors que la personne en question pouvait parfaitement entrer dans cette catégorie.]
J'ajouterai de mon expérience personnelle que le hipster est végétarien, fume de la weed, vénère Mac et Ipods, s'intéresse à la photographie et/ou fréquente une école d'art -mais c'est totalement subjectif.

De toute façon, si l'on en croit Douglas Haddow, apporter une définition de se mouvement relève de l'impossible: c'est devenu un phénomène mondial, détruisant, ou plutôt assimilant, toutes les contre-cultures urbaines préexistantes. Le résultat est une communauté hétérogène, superficielle, qui n'a pas vraiment de valeur ou de combat, et qui, au contraire, s'accommode de la société actuelle sans proposer d'alternative. En reprenant l'esthétique de la classe populaire -et en lui retirant toute signification- cette génération plutôt privilégiée (et narcissique) trouve un échappatoire à une vie sans but.

La raison de ce vide idéologique, de ce manque d'authenticité? C'est la première contre-culture à être née "sous le microscope des pros de la publicité", l'obligeant à évoluer sans cesse pour espérer contrer les récupération publicitaires et les manipulations. "Davantage qu'une sous-culture, les hipsters forment un groupe de consommateurs, qui utilisent leur capital pour se doter d'une image de rébellion et d'une fausse authenticité. Mais dès qu'une tendance, un groupe, un son ou un style obtient une certaine exposition, il est soudainement dédaigné et oublié." Conclusion: les hipsters ne peuvent pas être fidèle à quoi que ce soit, il faut sans cesse changer de centre d'intérêt, de peur de n'être rapidement récupéré par le courant dominant. Il n'y a plus de création, plus rien de nouveau. C'est la fin de la civilisation occidentale.
Douglas Haddow est clairement engagé, nostalgique des mouvements révolutionnaires du passé et il conclue sur un ton moralisateur (en gros: "oui, il faut que les jeunes quittent leur existence futile faite de soirées et d'alcool, et se bougent pour changer un monde qui court à sa perte.") Son point de vue sur cette "lost generation"/"last generation" est forcément un peu biaisé: je ne sais pas si le mouvement hipster est aussi vide de sens qu'il le présente, et j'espère qu'il se trompe.
L'auteur pointe aussi du doigt un paradoxe: cette sous-culture est en perpétuelle ébullition, changeant constamment pour éviter les récupérations; mais de ce mouvement infernal, selon lui, rien ne ressort, si ce n'est du vide, du narcissisme et de la superficialité. Il est sûrement beaucoup trop tôt pour dire qu'il n'y a rien de bon à retenir de tout ce "hipsterdom".