23 janv. 2009

Skins

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Le premier épisode de la saison 3 de Skins était diffusée hier soir sur E4, une chaîne de la TNT britannique (pour ceux qui découvrent la série, le profil sur allocine.fr où elle est classée 3e aujourd'hui). Quelques heures après, je regardais cet épisode tant attendu sur mon PC, grâce aux réseaux d'échange de fichier.

Outre le parti pris "jeune" et le changement complet du casting tous les deux ans, pour s'obliger à se réinventer sans cesse, la série se distingue aussi par le mode de communication adopté par l'équipe de production. Twitter, Facebook, MSN, Myspace, Youtube, ... tous ce que le net compte de réseaux sociaux est de la partie, démultipliant à moindre coup le buzz autour de la série. Pour fidéliser la communauté de fans, s'ajoutent des soirées (Skins parties), des blogs des personnages, des vidéos (mise en ligne de scènes exclusives et de trailers), de la musique (possibilité de télécharger la bande son de la série), des conseils de mode (avec des "look books" pour reproduire le style des personnages), des concours pour participer au tournage, etc... et la catch-up TV permet de visionner l'épisode de la semaine gratuitement (à condition d'habiter en Grande-Bretagne). Pour entretenir l'intérêt et l'attente, la communication continue même lorsque la série n'est pas diffusée, avec le dévoilement progressif de photos, vidéos et informations "exclusives" sur le tournage et la saison à venir.
Un marketing percutant et efficace, qui parle vraiment à la cible du programme, les jeunes, en essayant de capter tous leurs centres d'intérêt pour les fédérer autour d'une série générationnelle. Mais c'est aussi un marketing online qui dépasse largement les frontières de la Grande Bretagne.
Et c'est sûrement ça le problème. Au lancement de la série, en janvier 2007, le "trailer" posté sur Youtube était tellement percutant qu'il a largement circulé sur internet. Le lendemain de sa diffusion, je téléchargeais le tout premier épisode, utilisant pour la première fois les réseaux P2P. Et je me suis assez vite rendu compte que j'étais loin d'être le seul, parmi mon cercle étendu d'amis (c’est à dire un milieu d’étudiants plutôt aisés, accro à Internet), a avoir visionné Skins bien avant son passage sur Canal+ (décembre 2007, version doublée) ou Virgin17 (actuellement). En moins de 6 mois, alors qu’elle était encore loin d'être diffusée en France et que les médias traditionnels n’en avait absolument pas parlé, j’ai été étonné de voir à quelle point la série était devenue culte sur internet. Le même phénomène « viral » s’est reproduit peu après avec Gossip Girl.
Un mal ou un bien? Cela a permis l'apparition d'un premier noyau de fans, maîtrisant internet et les réseaux sociaux, au niveau d'éducation élevé (je parle pour la France, la maîtrise de l'anglais s'avère nécessaire pour suivre la série en VO), qui ne regarderont pas la série quand elle passera à la télévision (1 an ou 2 ans après sa diffusion initiale, grotesque), mais contribueront à créer un buzz et à faire connaître la série avant sa diffusion. Difficile de mesurer l'ampleur du manque à gagner en terme de spectateurs pour Canal+ et Virgin17, mais le gain en terme d'image est largement positif. La perte est peut-être plus sensible en terme de vente de DVD, et encore.



Quant à la qualité de la série elle-même... Pierre Serisier auteur du blog "le monde des séries", la qualifie de "meilleure série TV consacrée à la vie des adolescents", avant la diffusion de la saison 2, un brin décevante. Malgré ses défauts inhérents au format choisi (épisodes de 45 minutes trop longs, focalisation de chaque épisode sur un personnage qui finalement donne l'impression d'un puzzle qui s'emboîte mal, etc...), la série apporte un regard et un ton nouveau, cruel et drôle à la fois, sur l'adolescence dans une ville en crise. Un regard qui se veut réaliste.

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