22 janv. 2009

La "corporate responsibility" à la canadienne.

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Au Canada les entreprises, et surtout les "big five" (les cinq principales banques), ont l'air particulièrement impliquées dans la vie de la société. Par exemple, Scotiabank a financé et donné son nom à l'immense salle informatique de la bibliothèque de l'université de Toronto. Dans le quartier chinois, le logo de RBC est transcrit en mandarin. Plus anecdotique, comme je l'ai déjà noté, la banque de Montréal (BMO) a donné son nom a un couloir de l'Art Gallery of Ontario. Quant à TD Bank, elle sponsorise les gay prides du pays. Pas vraiment de comparaison possible avec les banques françaises qui se contentent le plus souvent de soutenir des événements sportifs ou culturels, consensuels. Mais au Canada, où les big five sont assez similaire en terme d'offre (les tarifs sont quasiment identiques) ou de réseau (généralement on trouve une agence bancaire aux 4 coins des carrefours principaux), les banques se différencient grâce à des valeurs.
Ainsi, les groupes financiers canadiens sont particulièrement en avance sur les questions de diversité, sûrement aussi en raison de la tradition multiculturaliste du pays. Dans une banque comme TD, qui a fondé son "diversity leadership council" (DLC) en 2005, les problèmes d'équité et de diversité et ne sont pas envisagés en terme de Ressources Humaines, mais de manière transversale. Il s'agit aussi bien d'attirer les talents en interne que de gagner des parts de marché en faisant en sorte que les clients se reconnaissent dans leur banque. Parmi les populations "cibles" des politiques de diversité: les handicapés, les femmes (dans les fonctions de direction), la communauté aborigène et les communautés ethniques/culturelles en général et la communauté LGBTQ. Ici, "communauté", d'"ethnicité", etc. fait parti du langage courant. Ces différentes catégories sont recensées (par exemple en relevant les noms chinois dans les fichiers clients, à des fins marketing), étudiées (des questionnaires adressés aux employés identifiés comme "blacks" afin de connaître leur ressenti sur leur cadre de travail, et comparer avec d'autres catégories d'employées), reconnues (animations commerciales pour le nouvel an chinois dans la succursale de Chinatown) et encouragées (TD dépense des dizaines de million de dollars canadiens en sponsoring d'associations GLBTQ).
En écoutant la présentation d'un des membres du DLC de TD Bank, j'ai repensé à ma rencontre avec la DRH France de Schlumberger l'année dernière: historiquement,son entreprise a pourtant une démarche très volontariste dans le promotion de la diversité en interne (avec des quotas de recrutement par nationalités ou des objectifs chiffrés en terme de féminisation des cadres), mais elle n'en était pas encore au stade de traiter des problématique de diversité sexuelle ou d'insertion des handicapés.
Reste a savoir quel impact aura la crise financière et bancaire sur l'implication des banques canadiennes dans les problèmes de société.
Toronto, les sièges des principales banques canadiennes.
Avec l'immeuble de TD Bank, au centre, imaginé par Mies van der Rohe, dont l'étage de la direction n'avait pas de toilettes pour femmes à son ouverture en 1967.

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