Le droit à l’oubli était le thème d’un “atelier-débat'” ce matin à Sciences Po, en présence de Nathalie Kosciusko-Morizet (NK_M), secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, amis aussi d’avocats, de journalistes, du président de la Cnil, de responsables de Microsoft, Skyblog, Google, Facebook et j’en passe.
Petite définition pour commencer, piquée à Libération: “L’idée du droit à l’oubli numérique est que tout internaute pourrait faire supprimer les données personnelles, laissées volontairement ou récupérées à son insu sur Internet, et qui, aujourd’hui, l’encombrent dans sa vie professionnelle, familiale ou sociale. Cela peut aller de l’effacement d’un casier judiciaire à des photos dénudées publiées par un ex vengeur.”
Ambitieux, nécessaire, techniquement irréaliste, juridiquement impossible, stupide, irresponsable ? Les avis sur la question sont partagés et le débat n’a pas vraiment réussi à éclaircir la question, entre Google qui indexe tout ce qu’il trouve sans état d’âme (c’est là le cœur de son business model) et les défenseurs de la vie privée qui voudraient instituer un droit de regard (de censure diront certains) des utilisateurs sur le web.
Une certitude: le problème tient à la nature même d'internet: vaste espace transfrontalier aux capacités de stockage inégalées et dont les données se propagent très facilement: il est impossible d’en contrôler et d’en maitriser le contenu. Et de nouveaux défis apparaissent tous les jours, notamment avec la généralisation de la géolocalisation et ses applications marketing, ou encore de la publicité contextuelle ou comportementale...
Comme solution, NKM privilégie une “charte d’engagement” des différents acteurs de l’économie numérique plutôt qu’une loi difficilement applicable. Sur Twitter (le débat, abondamment commenté pouvait être suivi grace au hastag #oubli), les commentateurs soulignaient plutôt l’importance de la formation et de l’éducation des jeunes et de leurs parents. Avec un bon vieux principe: toujours réfléchir avant de poster quelque chose sur internet.
Parmi les données plus ou moins intéressantes que j’ai relevées dans le débat:
- un responsable de Skyblog, cravaté et cheveux gominés nous apprend que chaque jour, 1 million de nouvelles images sont publiées, dont 30 000 modérées, par une équipe de 60 personnes. Skyblog, c’est quand même 28 millions de sites perso en Europe.
- M. Google annonce moins de pubs dans le futur, mais toujours plus ciblées… A priori il n’existe pas de traduction en anglais pour “droit à l’oubli”
- une charte (encore une) va être mise en place par les cabinets de recrutements pour encadrer les pratiques concernant les réseaux sociaux.
- le groupe PagesJaunes est le leader de la pub online en Europe.
- Google a créé un "dashboard" qui permet de synthétiser l'ensemble des données associées à son compte, ainsi que de retrouver les conditions générales d'utilisation de ses services (les textes super longs que personne ne prend la peine de lire).
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