18 juin 2009

Twitter, est-ce rationnel?

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Avec le bac, l'heure est à la philo... d'où le titre (admirez le double sens). J'avoue avoir hésité avec "je Twitte donc je suis".
Il y a d'abord eu une période Myspace, puis Second Life, puis Facebook, et maintenant, c'est Twitter le dernier service à la mode...Les médias traditionnels commencent à se saisir du phénomène et tente de l'expliquer au commun des mortels.



Pour celui qui suit la blogosphère et passe beaucoup de temps dans la petite bulle internet, "twitter" en 140 signes est devenu aussi naturel que de respirer, au risque d'oublier que ce mot n'évoque absolument rien pour les 9/10e de la population (oui oui, il y a encore des gens autour de nous qui n'ont jamais entendu parlé de Twitter). En France du moins, le "phénomène Twitter" est encore confidentiel (cf. ces chiffres récents), principalement utilisé par la petite communauté des blogueurs, journalistes et communicants en tout genre. Il y aurait 126 000 utilisateurs Français de Twitter (tout va tellement vite qu'on ne sait pas quel crédit accorder à de telles informations), et si on ajoute que seulement 10% des utilisateurs sont responsables de près de 90% de l'activité du site, ça ne fait vraiment pas grand chose... L'emballement médiatique actuel (il suffit de jeter un oeil sur cette sélection d'articles) transformera-t-il Twitter en succès populaire, comme Facebook? Pas sûr.

(My Twitter Class of '08 by Mallix)

Et puis, peut-on vraiment souhaiter à Twitter le même avenir que Facebook? Tout va tellement vite dans le monde de l'internet que les succès (médiatiques) d'hier sont les échecs d'aujourd'hui: Myspace licencie aujourd'hui en masse, Second Life n'a jamais décollé, Facebook peine à trouver un business model concluant, mais surtout n'est pas à l'abri d'un rejet de la part de ses utilisateurs, si ceux-ci se rebellent contre l'usage qui est fait de leurs données personnelles (et intimes). Faites une recherche d'image à votre nom sur Google, pour voir.
Bref, tout ça pour dire qu'il faut se méfier des engouements médiatiques et se demander si Twitter est si révolutionnaire que cela (ça tombe bien, avec la situation en Iran, la révolution est aussi à la mode).

Twitter "révolutionne" l'information certes, en permettant à tout un chacun de témoigner d'un évènement vécu en direct, et de le suivre. En même temps, par son format en 140 signes, il limite et enferme l'information. Un twit ne sera jamais qu'une source première, un fait brute qu'un journaliste devra analyser, recouper, combiner et mettre en forme pour la transmettre ensuite au plus grand nombre. La presse, et celle d'opinion plus particulièrement prend alors tout son sens dans un monde où l'abondance des sources d'information laisse la masse des gens désarmée. Encore faut-il que cette presse ait les moyens de remplir sa mission et d'assurer un service de qualité (je réserve la discussion des modes de financement de la presse pour un autre post).
Twitter facilite les échanges et les communications, ok. Mais toujours dans un sens minimaliste et réducteur. Le jour où les kikoulol découvriront twitter, ils auront un avantage non négligeable: en 140 signes ils seront capable de dire deux fois plus de choses. Mais pour quelle qualité? Il manque à Twitter une hierarchisation selon la qualité des twitts. Après avoir passé une bonne partie de ma journée devant twitter (pour le travail), je n'y ai pas retiré grand chose de constructif, si ce n'est quelques liens intéressants. C'est là que Twitter a deux immenses avantages dans la communication et la propagation de l'information: la réactivité (vs. Google) et la souplesse d'utilisation (vs. Facebook).
Ces atouts font de Twitter un outil de plus en plus prisé des marques pour faire leur communication (je sais de quoi je parle). En France, celles-ci ne peuvent encore que se focaliser sur les leaders d'opinions (blogueurs, journalistes, etc.), mais on peut imaginer une situation similaire à celle des Etats-Unis, où même les pizzerias se sont mises à twitter. Mais là encore je reste sceptique. Bien souvent Twitter n'est utilisé que parcequ'il faut y être, comme l'avait été Second Life auparavant. Pour réussir, les marques et les commerces doivent apporter une haute valeur ajoutée à leurs followers, susciter des échanges, au risque de n'être que lassantes et inaudibles.
Un mauvais exemple: http://twitter.com/Astroball
Un bon exemple: http://twitter.com/Netvibes

Alors, simple feu de paille ou succès durable? Sous une apparence simpliste, Twitter se révèle en fait un vaste ensemble complexe d'intéractions et d'échanges, et de ce fait un formidable objet d'étude. Mais de là à savoir ce qui sortira de l'engouement médiatique qui ne fait que commencer... Ce que je sais, c'est que pour l'instant les 140 signes des SMS ont davantage bouleversés ma vie que ceux de Twitter.

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