3 févr. 2010

In the Air, portrait doux-amer d’une Amérique en crise

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J’avoue avoir été presqu’à reculons voir “In the air” (“Up in the air” en VO, quelle idée de modifier le titre pour le laisser en anglais?)… je ne m’attendais qu’à une comédie américaine assez classique, un peu lourdaude à gros renforts de clichés éculés. Il y a effectivement un schéma attendu: le choc des générations, des sexes, des valeurs, entre Ryan Bingham (Georges Clooney), professionnel aguerri du licenciement, célibataire et misanthrope endurci, et Natalie Keener (Anna Kendrick), jeune diplômée d’une université prestigieuse, romantique et naïve, déterminée à s’imposer.  up-in-the-air-4Mais l’arrière plan de cette relation – un parcours à travers l’Amérique pour licencier – vient apporter une perspective et un ton totalement différents à ce film, mettant la comédie presqu’au second plan. Et on en attendait rien de moins de la part du réalisateur canadien Jason Reitman à qui l’on doit aussi l’excellent Juno et Thank you for smoking. L’idée du film est née en 2002, mais la récession a indéniablement fait entrer le film dans une autre dimension. up_in_the_air3
D’aéroports en aéroports, d’hôtels Hilton en hôtels Hilton, d’Omaha à Detroit en passant par St Louis ou Kansas City, le film dresse en arrière-plan un tableau cruel d’une Amérique urbaine en pleine crise, pointant du doigt l’échec de toute une société en proie au doute.
Des chômeurs, croyant participer à un documentaires témoignent à plusieurs reprise. Crise du crédit, bulle immobilière, plans sociaux, mais aussi individualisme, perte de repères, solitude ,… les thèmes abordés sont loin d’être réjouissants, mais l’alternance entre des scènes tendres, drôles ou touchantes et d’autres plus graves (et éprouvantes) fonctionne bien. Toutefois, la fin, en forme d’impasse ne permet pas d’éloigner le sentiment de malaise qui imprègne tout le film. Ryan Bingham reprend l’avion et les licenciements, comme si la seule solution, c’était que tout redevienne comme avant.
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Sans être un grand film, “In the Air” est plus que le divertissement qu’il semble être. Dans l’air du temps, il reflète les préoccupations d’une époque où rien ne tourne plus très rond.

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