Suite (et fin) de ses deux articles précédents:
-Episode 1. Bien plus qu’un cartoon, une marque globale.
-Episode 2. Une écriture “circulaire” qui s’adresse à une audience globalisée.
Tallin, Estonie
Comme un miroir de la société contemporaine, Les Simpson font sans cesse référence à la culture populaire qui lui a donné naissance, s’adressant ainsi à une vaste audience.
En jouant sur plusieurs niveaux de “référentialité” et donc de lecture, la série permet d’attirer à la fois un public jeune et plus âgé.
Le coté satirique notamment, utilisant l’intertextualité et les in-jokes, ne peut être pleinement compris que d’un public disposant d’un haut degré de culture télévisuelle.
L’exemple le plus évident de satire couplée à de l’« auto-référentialité » est la dénonciation récurrente de la société de consommation et de l’industrie des médias. En effet, Les Simpson ne se contentent pas seulement de puiser dans la culture globale née de la mondialisation, ils en font aussi une critique sévère, mais pleine de contradictions.
Le rôle des géants des médias, qui créent, entretiennent et diffusent cette culture est particulièrement décrié, alors que c’est l’un d’eux (News Corporation) qui est derrière les Simpson. La série se paye même le luxe de critiquer Fox News dans un épisode devenu célèbre.
Les Simpson rappellent aussi sans cesse leur statut de programme télévisé et de construction médiatique. L’élément le plus parlant est sans doute le « Itchy and Scratchy Show », un cartoon dans le cartoon qui sert à dénoncer, entre autre, la subordination des artistes et des auteurs aux networks et plus généralement aux multinationales des médias. Krusty le clown illustre lui les excès du merchandising et de la surexposition médiatique, des travers auxquels Les Simpson ont pourtant succombé. En quelques années, les départements marketing et publicité de Fox Entertainment ont transformé Les Simpson en exactement ce que les scénaristes dénoncent.
Mais par ce processus d’autocritique de la société de consommation et des médias dont ils sont issus, Les Simpson réussissent à apparaître alternatifs et audacieux, tout en étant en fait totalement « mainstream ». Les fans préfèrent ignorer le caractère mercantile de la série et tout le discours extra-textuel qui l’entoure pour ne prendre en compte que sa dimension critique, plus flatteuse et valorisante. Une ambiguïté qui contribue à expliquer le caractère dual des Simpson, à la fois succès critique et commercial, dans le monde entier.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire