Depuis ce matin, CB News n’est plus. Placé en liquidation judiciaire après une lente agonie, le magazine fondé par Christian Blachas (M. Culture Pub, celui qui, plus jeune m’a donné le gout pour la com) et devenu en 24 ans une référence pour le monde de la communication, a été une victime parmi d’autres de la crise des médias. Symbole d’un univers qui n’a pas su (ou pu) se remettre en cause face à la révolution numérique, la liquidation de CB News laisse sur le carreau une soixantaine de personnes.
Depuis juin dernier, j’ai eu la chance de travailler au sein de CB News. En six mois, j’ai vu, peut-être mieux que d’autres (le web était séparé du print, installé au 4e étage, celui de la compta et de la direction) les différentes étapes qui ont conduit à l’irréversible, de la recherche d’un repreneur jusqu’à la liquidation, en passant par la définition d’un nouveau projet d’entreprise, la cessation de paiement, les assemblées générales, le vote de la grève des salariés… Entre stress, incertitude, espoir, les deux derniers mois – là où tout s’est accéléré - auront été intenses.
Pendant ces 6 mois chez CB, j’ai souvent été surpris de l’impact et de la force de la marque CB News ainsi que ses déclinaisons (des hits d’or à sa plus récente création, CB Web). J’ai pu (dé)couvrir des sujets passionnants, en compagnie de Geneviève Petit pour CB Webletter. J’ai fait de très belles rencontres, presque chaque jour. J’ai évolué dans un groupe humain, où l’on m’a fait confiance (j’ai réalisé notamment une grande partie du supplément CB News Web de septembre).
J’ai été touché par la détermination des dirigeants à préserver le travail d’un quart de siècle, en dépit de leurs marges de manœuvre limitées. Mais j’ai aussi été marqué par le divorce irrévocable, presque absurde en ce temps de crise, entre la direction, la rédaction et la régie publicitaire.
Paradoxalement, CB News, groupe indépendant, a mis du temps avant de prendre conscience des changements forts à l’œuvre dans le monde de la communication et de la presse professionnelle. Je me souviens de Margaret Figueiredo, la directrice générale, me parlant en juillet dernier de ses projets : nouveau site internet, nouvelle formule du titre, déclinaisons numériques, nouvelles émissions de télé… Le temps, l’argent et surtout la vision auront manqués pour faire de CB News un titre toujours en phase avec son temps. En quelques années, le titre s’était coupé d’une grande partie de son public et n’est pas parvenu à maintenir ses recettes publicitaires. Il est aujourd’hui trop tard pour pleurer la disparition d’un titre emblématique du monde de la pub. Mais d’autres supports, d’autres projets verront le jour. La nature a horreur du vide.
1 commentaire:
Les éditos de Christian Blachas me manqueront. C'est toujours triste lorsqu'un titre de presse meurt, surtout un bon. Show must go on.
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